Limousheels - Romancière
Été 2001.
Il paraît qu’un criminel revient toujours sur les lieux de son crime. Mais qu’en est-il des victimes ? Le hasard d’une rencontre, la naissance d’un espoir et le besoin de réponses peuvent les propulser dans une chasse aux démons du passé.
Sylvie Lachan, jeune pilote militaire, et Ina, sa fille-sœur adoptive, embarquent leur frère et leurs deux meilleures amies sur les traces de leur tragique histoire commune au cœur des Balkans. Fidèle à ses habitudes, la joyeuse bande va bousculer le désordre local et le très sérieux enquêteur du très sérieux tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.
Un devoir de mémoire au goût d’aventure et de justice, une plongée dans les souvenirs avec, pour armes, l’amour et l’humour.
Parution : 9 septembre 2024
390 pages
Prix broché : 19,90 €
Prix ebook : 4,99 €
Format : 21 x 14.8 cm
ISBN : 9782322542239
Extraits
Sortie mémorielle, chapitre 2
À l’intérieur de l’appareil et à sa droite, son instructeur, le chef pilote de l’escadron, surveillait plus ou moins ses actions. La mèche noire un peu longue et un peu rebelle, la combinaison de vol ouverte jusqu’au nombril sur un tee-shirt blanc non réglementaire, le coude droit nonchalamment appuyé sur le rebord de la fenêtre légèrement baissée. Il tira sur sa cigarette et souffla la fumée vers le mince filet d’air qui la happa. Mais, malgré sa mine détachée et son indifférence affichée, il semblait prendre plaisir à son plaisir.
Bien sûr, fumer était parfaitement interdit, mais les pilotes avaient une certaine tendance à s’affranchir des règles qui ne leur plaisaient pas. Les balades touristiques n’étaient pas davantage prévues, mais elles représentaient un entraînement efficace, ajoutaient l’agréable à l’utile et motivaient les aviateurs, surtout ceux à l’instruction, situation fluctuante entre élève bon à pas grand-chose et pilote confirmé.
Sortie mémorielle, chapitre 2
Sylvie abandonna la ferme familiale et fila vers son second objectif que le Twin Otter atteignit en quelques secondes. L’école du village se vidait. Tous, enfants comme parents, se figèrent au passage de l’avion, les yeux vers le haut. Sylvie vira et chercha Ina.
— J’ai les commandes, dit le chef pilote.
— Tu as les commandes, répondit Sylvie.
Elle lâcha le bout de volant et les manettes des gaz. De la main gauche, son instructeur avança les leviers réglant le pas des hélices, jusqu’en butée. Les moteurs rugirent. Il abaissa davantage l’aile du Twin Otter, qui perdit un peu d’altitude, et serra le virage. À la verticale de la cour, il augmenta la puissance, tira sur le manche et inversa l’inclinaison. L’avion bondit dans le ciel. Sylvie sourit, le bruit devait être impressionnant au-dessous. En haut de sa manœuvre, à faible vitesse, le pilote mit les ailes à plat, sortit tous les volets et réduisit les gaz à fond. Alors que le Twin Otter semblait arrêté en l’air, son instructeur lui fit faire un demi-tour et le laissa tomber. Littéralement. Avec une pente démentielle. Le village remplissait le cockpit. Pendue dans son harnais, Sylvie avait l’impression que son avenir allait s’inscrire dans la cour de l’école, façon puzzle éparpillé. Ce qui ne se produisit bien évidemment pas. L’expérimenté pilote redressa le Twin Otter au bon moment et survola à faible vitesse les spectateurs qui devaient être médusés. Il joua avec le manche et les manettes de pas d’hélice pour un salut visuel et sonore.
— J’espère avoir un jour une telle maîtrise ! se dit Sylvie.
Elle découvrit enfin Ina, à côté de leur mère, les bras levés, et ne put s’empêcher de faire un geste de la main, le visage collé à la fenêtre.
— Merci… souffla-t-elle.
Il lui répondit d’un clin d’œil et remit l’avion dans une configuration plus adaptée au vol de croisière, cap à l’ouest :
— Ça, c’est un passage bas digne de ce nom !
— J’ai effectivement noté quelques légères différences !
L’instructeur lâcha son habituel rire franc et sonore.
— Tes enfants ? demanda-t-il, curieux et soudain sérieux.
— Ma fille ! s’exclama Sylvie.
Une réponse spontanée. Trop. Sans réellement savoir pourquoi, elle se corrigea :
— Euhhhh… Ma sœur. Ma petite sœur…
Il fronça les sourcils avec un regard indéchiffrable.
Sortie mémorielle, chapitre 7
— Sur quels avions pourraient-ils tirer ? demanda Sylvie. Et dans quel intérêt ?
— Voilà une excellente question ! approuva Tuomas.
— Si je ne me trompe pas, ce sont ces missiles qui ont abattu le F117 américain au-dessus du Kosovo, il y a deux ans, en 1999, expliqua Sylvie. Le F117, c’est un avion furtif. Ça avait fait du bruit dans la presse.
Tuomas fronça les sourcils. Un effort de mémoire.
— Cet incident me dit quelque chose…
— À propos de bonne question, j’en ai une autre, dit Sylvie. Enfin, peut-être pas aussi bonne.
— Laquelle ?
— Comment ont-ils fait pour descendre ces petits missiles dans ce trou ? Si un Finlandais a du mal à passer la porte et à emprunter les escaliers, ça me semble compliqué pour un truc qui fait trois Finlandais empilés.
— Ahhhh… Oui… C’est une autre bonne question. Mais êtes-vous toujours aussi… comique, sarcastique, ironique ?
— Non, bien sûr… Là, je me retiens !
— Ahhhh…
Son étonnement la fit éclater de rire. Un rire qui n’avait pas sa place dans cette grotte, qui résonna et qui fit sursauter les policiers bosniens.
Sortie mémorielle, chapitre 7
Sylvie se retourna et vit que les policiers l’observaient. Tuomas avec de l’étonnement, Josif de la curiosité, Dragan de l’inquiétude. Elle s’approcha d’eux :
— Quel est cet endroit ?
Dragan hésita. Josif dit un mot. Dragan traduisit :
— La prison.
— Intéressant…
Tuomas colla son visage au panneau de bois, comme elle l’avait fait quelques instants plus tôt, et l’éclaira en lumière rasante avec sa lampe :
— Vous avez replanté les épingles exactement où elles étaient ?
— Oui m’sieur l’inspecteur !
— Je ne vois pas d’autres trous…
— Non m’sieur l’inspecteur !
— Vous êtes…
— Indispensable et adorable ?
— Insupportable !
— Oui m’sieur l’inspecteur !
Sortie mémorielle, chapitre 9
Les policiers les dévisageaient avec des yeux ronds. Tuomas ouvrit la bouche, mais Myriam le devança :
— C’est complètement dingue et absurde, mais je me sens vachement plus en sécurité maintenant !
Tuomas ferma la bouche.
— C’est clair, mais t’as raison, moi aussi, confirma Coumbala. Filez un flingue à notre psychopathe préférée et le monde est plus sûr !
— C’est quoi une psycho à pattes ? demanda Ina.
— Tu vois ta mère ? pouffa Coumbala.
— Bah oui !
— Ben, à côté d’elle, un psychopathe, c’est un doux agneau qui vient de naître !
— J’ai rien compris ! grogna Ina.
Les Français éclatèrent de rire. Tuomas secoua la tête :
— Vous êtes…
Sortie mémorielle, chapitre 9
Après quelques lacets, le chemin descendit puis remonta, à flanc de montagne.
— Je crois qu’on approche, chuchota Sylvie. Oui, ça doit être la crête, là-bas… Mymy, va te cacher derrière un arbre !
— Quoi ?
— Cours te cacher derrière un arbre ! Fais-moi confiance.
Malgré des mimiques d’incompréhension, son amie obéit et disparut dans la forêt dense.
— Attendez ! s’écria Sylvie. Attendez ! Myriam est malade, elle a la gastro !
— Quoi ? grogna une voix féminine assourdie, mais outrée. Mais ? Ohhhh !
— Quoi ? demanda Tuomas en se retournant.
— La gastro. La diarrhée.
— La courante, dit Coumbala.
— La chiasse, dit Franck.
— Caca mou ! dit Ina.
— Ohhhh ! Mais c’est fini, oui ? gronda la voix féminine, toujours assourdie, mais encore plus outrée.
Sylvie fixa Coumbala qui réagit avec un temps de retard :
— Ah oui… Et moi, j’en peux plus, vous marchez trop vite ! Et j’ai des cailloux dans mes chaussures !
— Partez devant, on vous rattrapera plus tard, dit Sylvie. Ne vous inquiétez pas pour nous.
Elle tapota le canon de son fusil. Les trois policiers n’hésitèrent pas, ne discutèrent pas et filèrent.
— Bien joué ! murmura Coumbala.
— Je peux sortir ? demanda Myriam.
— Caca mou ! répéta Ina.
— Essuie-toi bien avant ! pouffa Sylvie.
— Très drôle… Pour qui je passe, moi, maintenant ?
— Une chieuse, répondit Coumbala.
— Vous êtes nuls ! s’indigna Myriam entre deux rires.
Sortie mémorielle, chapitre 12
— Avec l’orage, j’ai pas dormi de la nuit… soupira Myriam.
— De l’orage ? demanda Ina.
— Oui, un peu, répondit Franck. Lointain.
— J’ai rien entendu.
— On sait jamais, dit Myriam. On est quand même en montagne et, parfois, c’est rapide et violent.
— Et ? sourit Sylvie.
— Et je préfère être prête !
— À ?
— À… à me mettre à l’abri.
— Où ?
— Euhhhh…
— Joli dialogue pour ceux qui veulent apprendre le français ! plaisanta Sylvie.
Sortie mémorielle, chapitre 16
Le pilote croate cracha. Par réflexe, Sylvie évita le projectile et balança un coup de pied dans son entre-jambes. Il se plia en deux, le souffle coupé, le visage rouge de douleur. Elle en profita pour lui attacher les chevilles de la même manière que les poignets. Puis elle se releva et lança le couteau dans la forêt. Ina s’approcha et lui décocha elle aussi un coup de pied au plus mauvais endroit. Le Croate gémit de plus belle.
— Mais ? s’indigna Sylvie. Ça se fait pas !
— Tu l’as fait juste avant ! se défendit Ina.
— C’est vrai, mais c’est pas parce que je fais quelque chose de mal que tu dois copier !
— C’est pas quelque chose de mal, répondit fermement Ina. C’est mérité. Il a voulu être méchant avec toi et il t’a insultée.
— Bon, c’est pas faux… Et j’avoue que j’ai pas franchement mauvaise conscience…
— Et c’est mieux que la peine de mort.
— Beaucoup mieux… Mais c’est pas une raison !
Avis et chroniques
Transporté dans une enquête écrite de main de maître par l’autrice...
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